La Banque du Canada a annoncé une nouvelle réduction de 50 points de base du taux du financement à un jour. Maintenant à 3,25 %, les taux ont baissé de 1,75 % depuis l'été, marquant un changement rapide de la politique monétaire.
Cette baisse intervient alors que les derniers mois ont mis en évidence la nature volatile de l’économie canadienne :
🔘 L’indice des prix à la consommation a augmenté de 2 % d’une année sur l’autre en octobre, soit 0,4 % de plus qu’en septembre (1,6 %). Les coûts du logement continuent de dépasser ceux de nombreuses autres catégories et, en octobre, les prix de l’essence ont baissé dans une moindre mesure (-4 %) par rapport à septembre (-10,7 %).
🔘 Le PIB réel a légèrement augmenté (0,3 %) au troisième trimestre après des gains de 0,5 % au cours des deux premiers trimestres. Toutefois, le PIB par habitant continue de se contracter, avec une baisse de 0,4 %, soit la sixième baisse trimestrielle consécutive. Les dépenses de consommation et les dépenses publiques ont largement contribué à la croissance du PIB, mais elles sont toutes deux confrontées à des vents contraires à court et à moyen terme, car les dépenses personnelles et les déficits croissants pèsent sur les dépenses.
🔘 Selon Statistique Canada, le taux de chômage a atteint 6,8 % en novembre, soit une hausse de 0,3 % et le taux le plus élevé depuis janvier 2017, à l’exception des années de pandémie. Le chômage des jeunes, en particulier, a augmenté de façon spectaculaire, atteignant désormais 13,9 %.
L’éventualité de droits de douane est perçue comme un risque par de nombreuses entreprises, car la dynamique de l’administration américaine changera au début de l’année prochaine.
L’augmentation de la consommation personnelle est compensée par un ralentissement des investissements des entreprises, et le PIB devrait diminuer légèrement à mesure que les réductions prévues des objectifs d’immigration entreront en vigueur.
Dans le secteur de la construction, l’emploi a augmenté de 18 000 (+1,2 %) en novembre, après une évolution relativement faible depuis l’été. Le PIB du secteur de la construction a également augmenté en septembre, la construction de réparations (+1 %) étant en tête. Des gains ont également été observés dans la construction résidentielle (+0,4 %) et la construction non résidentielle (+0,7 %).
Les mises en chantier ont été relativement stables dans de nombreuses villes, et les projets à Vancouver et à Toronto continuent de décélérer, en baisse de 18 % et de 21 % respectivement (depuis le début de l’année par rapport à 2023). À l’inverse, Montréal a fait preuve de vigueur avec des chiffres en hausse de 12 % depuis le début de l’année par rapport à 2023.
À l’approche de 2025, cette annonce s’inscrit dans le cadre d’une réorientation importante de la politique monétaire visant à remédier au ralentissement de l’économie et à la volatilité à court terme. La croissance globale a été plus lente que prévu et l’offre excédentaire dans l’économie n’a pas encore été absorbée.
Malgré cela, de nombreux grands projets d’infrastructure se poursuivront jusqu’en 2025 et la demande de logements reste forte. Les taux d’intérêt étant orientés à la baisse et les nouvelles règles hypothécaires améliorant la capacité d’emprunt, le secteur résidentiel pourrait connaître un démarrage vigoureux après les mois d’hiver.
L’équilibre entre les mesures de relance et l’inflation potentielle constitue un défi de taille ; la semaine prochaine, la Réserve fédérale américaine fera son annonce finale concernant les taux d’intérêt pour 2024. Avec des indicateurs économiques plus solides, les États-Unis pourraient adopter une approche plus réservée de leur politique monétaire que la Banque du Canada.